Vins orange : entre tradition géorgienne et modernité

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Les vins orange, longtemps méconnus, font un retour en force dans le panorama œnologique mondial. Leur histoire plonge ses racines en Géorgie, où des méthodes ancestrales de vinification en kvevris, des amphores en terre cuite, ont été préservées et transmises de génération en génération.

Aujourd’hui, cette tradition rencontre un engouement croissant chez les vignerons modernes, désireux d’explorer des techniques naturelles et d’offrir des saveurs uniques. Les vins orange, avec leur couleur ambrée et leurs arômes complexes, séduisent par leur caractère authentique et leur capacité à surprendre les palais les plus exigeants.

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Les racines géorgiennes du vin orange

La Géorgie, berceau du vin, se distingue par ses techniques ancestrales de vinification. Le vin orange y trouve son origine, notamment dans le Caucase, où il est produit à la manière d’un vin rouge, mais avec des cépages blancs comme le Mtsvane, le Rkatsiteli et le Chinuri. Cette méthode millénaire, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, utilise des qvevris, des amphores en terre cuite enfouies dans le sol.

Des figures historiques et culturelles

Sainte Nino, qui a tressé ses cheveux avec des sarments de vigne, illustre l’importance de la viticulture dans la culture géorgienne. Le peintre Niko Pirosmani a aussi consacré une partie de son art à représenter le monde du vin. Même Joseph Staline rangeait sa collection personnelle de vin en Géorgie, témoignant de l’attachement profond des dirigeants pour les vins géorgiens. Les tsars de Russie partageaient cet engouement, appréciant particulièrement les vins de cette région.

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Un savoir-faire régional

Les principales régions viticoles géorgiennes, telles que la Kakhétie, la Kvareli, la Kartlie, l’Iméréthie, la Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie, l’Abkhazie et l’Adjarie, sont réputées pour leurs cépages autochtones. Le Saperavi, cépage rouge emblématique, complète ce panorama varié. L’institut de Sakara a permis de lutter contre le phylloxéra, une maladie dévastatrice, contribuant ainsi à la préservation de ce patrimoine viticole.

Vestiges archéologiques

Des fragments de jarre en céramique trouvés à Shulaveris Gora, près de Tbilissi, confirment une tradition viticole datant de plusieurs millénaires. La Géorgie, en tant que berceau du vin, continue d’émerveiller par la richesse de son héritage œnologique, combinant tradition et modernité pour offrir une expérience gustative unique.

Le processus de vinification traditionnel

La vinification du vin orange repose sur l’utilisation des qvevris, ces amphores en terre cuite typiques de la Géorgie, enfouies dans le sol. Ce processus, inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, confère au vin une structure tannique unique.

Étapes de la vinification

  • Égrappage et foulage : les raisins blancs, sélectionnés pour leur qualité, sont égrappés et foulés pour libérer leur jus.
  • Fermentation et macération : le moût, contenant peaux, pépins et parfois rafles, est placé dans les qvevris. La fermentation alcoolique s’y déroule naturellement, suivie d’une macération prolongée qui dure de plusieurs semaines à plusieurs mois.
  • Décuvage et pressurage : après la macération, le vin est extrait des qvevris et pressé pour en extraire le jus retenu dans les peaux.
  • Vieillissement : le vin est ensuite remis dans les qvevris pour un élevage sous terre, généralement d’une durée de six mois à un an.

Caractéristiques et atouts

Le vin orange se distingue par :

  • Sa couleur ambrée due à la macération prolongée des peaux.
  • Des arômes complexes de fruits secs, d’épices et de miel.
  • Une structure tannique et une acidité marquée, rares pour un vin blanc.

Ce processus ancestral, bien que laborieux, permet de produire des vins d’une richesse aromatique et d’une complexité inégalées. Le vin orange, à la croisée de la tradition et de la modernité, séduit aujourd’hui des amateurs et des experts du monde entier, cherchant à découvrir des saveurs authentiques et uniques.

Le renouveau et la modernité du vin orange

Les vignerons contemporains ont redonné vie au vin orange, autrefois presque oublié. Parmi eux, Josko Gravner et Stanko Radikon en Italie ont joué un rôle déterminant. Gravner, pionnier du renouveau, a opté pour une approche minimaliste et naturelle, utilisant des qvevris importés de Géorgie. Radikon, quant à lui, a expérimenté des macérations prolongées, redéfinissant les normes de la vinification.

La Frioul-Vénétie Julienne et la province de Gorizia en Slovénie sont devenues des terroirs de prédilection pour ces vins. Ces régions, riches en histoire viticole, offrent des conditions idéales pour la production de vins orange. Marco de Bartoli, en Sicile, et Heinrich, en Autriche, ont aussi adopté cette méthode, chaque vigneron apportant sa propre touche, créant ainsi une diversité de styles et de profils aromatiques.

Le terme ‘vin orange’ a été popularisé en 2004 par David A. Harvey, un importateur de vin britannique. Ce nom évocateur a permis de mieux identifier cette catégorie singulière de vins et de susciter l’intérêt des amateurs et des professionnels.

Aujourd’hui, le vin orange séduit par sa couleur ambrée et ses arômes complexes. Les consommateurs apprécient sa capacité à offrir une expérience gustative unique, souvent décrite comme un pont entre le vin blanc et le vin rouge. Ses accords mets-vins inattendus en font un choix prisé pour accompagner une cuisine inventive et diversifiée.